Vous êtes professeur d'anglais, à la retraite, plutôt célèbre grâce à la télévision, et puis une nuit vous vous retrouvez, un couteau à la main, dans la chambre de votre femme, où dort paisiblement votre garçon. En furie. En pleine transe rageuse. Prêt à commettre l'irréparable. Inquiétant, non ? De quoi filer à l'anglaise, dare-dare, abandonnant femme et enfant, pour gagner les États-Unis. C'est ce qui arrive à Malik Solenka, Londonien d'origine indienne, "irascible créateur de poupées naguère historien des idées". Mais voilà. À New York, le refuge qui se voudrait un moment de répit, de méditation, de quête d'une sérénité perdue, la furie poursuit son Œuvre démentielle. Elle prend d'abord la forme de meurtres de jeunes filles puis de rencontres amoureuses, de jeux érotiques qui tournent au cauchemar&

Pour son dernier roman, Salman Rushdie n'a pas fait dans la petite dentelle, le point de Bruges ou d'Alençon, ni lésiné sur les moyens de lancer et relancer son abracadabrant récit. Il cite Woody Allen et Proust, commente un match de foot de l'Euro 2000, parle d'Alain Ducasse et d'Excalibur& Il convoque genres policier et psychologique, la tragédie et la drôlerie, l'érotisme et l'humour distant (so british), use des suspensions, des interrogations, rebondit dans l'exclamation, oscillant entre rêve et réalité. Un livre plein et entier. --Céline Darner