Dans un hôpital de Trieste, jour après jour, un vieil homme se confie à son psychiatre, et tente de recoudre les morceaux de sa vie. Ou plutôt de ses vies. Officiellement, il est Salvatore Cippico, né en 1910, ancien militant communiste, parti bâtir le socialisme en Yougoslavie. Intimement, il se prend pour le clone de Jorgen Jorgensen, aventurier danois du XIXe siècle, mythiquement, il réincarne Jason lancé dans une conquête ambiguë... Dans ce mémorial picaresque, la voix qui parle est celle de l'éternel rebelle, du mutin, de l'hérétique. Pour eux, ni terre promise ni postérité; les puissants imposent le silence, et la mer oublieuse ensevelit les témoins. L'Histoire tire à l'aveugle sur ceux que les dieux dédaignent. A travers un kaléidoscope effréné de lieux, de situations, de symboles - de Waterloo à Dachau, de la guerre d'Espagne au génocide des Tasmaniens, de Trieste à Reykjavik, d'un bagne à l'autre, de Toison d'or en drapeau rouge -, Claudio Magris nous plonge dans un fascinant roman total, dans une réflexion lyrique et généreuse sur notre temps, sur la faillite des idéologies, la dérive des individus.
Biographie de l'auteur
Né à Trieste en 1939, Claudio Magris, essayiste, romancier et auteur de théâtre, a écrit également des nouvelles, des chroniques et des articles critiques dont beaucoup, dans leur version française, ont paru dans La Nouvelle Revue française, Europe, Le Nouvel observateur, La règle du jeu et Libération. Européen érudit et passionné, il a contribué à faire mieux connaître et aimer la littérature autrichienne dont il est un éminent spécialiste. Il a reçu de très nombreux prix littéraires, notamment en Italie (Strega pour Microcosmes en 1997) et en France (Meilleur Livre étranger pour Danube en 1990 et Méditerranée pour A l'aveugle en 2007). Le prix Erasme en 2001 et le prix Prince des Asturies en 2004 ont couronné l'ensemble de son oeuvre, traduite désormais dans le monde entier.