À lire certaines pages du Bel Été, les premiers films de Fellini reviennent en mémoire : fins de nuits blêmes, dialogues décousus, visages creusés par une lumière d'aube. Mais les rires s'éteignent vite chez Pavese. En ville comme à la campagne, on étouffe, on cherche vainement son bonheur, sa délivrance au contact des autres, on parle comme on grifferait la pierre des immeubles ou la terre des collines, ces ombres noires, froides et muettes. Jeunes, par petits groupes, les personnages de Pavese glissent, se heurtent, s'étreignent, se repoussent, papillons voletant sans but ni espoir. La vie file insaisissable entre les doigts. L'écriture seule demeure, pure et subtile, qui avec Entre femmes seules prend relief, épaisseur : en elle une voix s'affirme, où le poète semble trouver sa paix, pour mieux apprivoiser, peut-être, cette mort qui viendra le cueillir, un an plus tard. --Scarbo