Junichiro Tanizaki occupe une place à part dans l'univers de la littérature japonaise. Admiré, ayant reçu tous les honneurs, il n'a cependant fait partie d'aucune école et n'aura pas eu de disciples. Serait-ce la rançon de son absence d'engagement politique ou philosophique ? Peu lui importe en somme, Tanizaki est un observateur qui se place à bonne distance de ses personnages, sans que cette réserve lui interdise toutefois d'insérer dans ses romans des éléments autobiographiques. S'il est attiré par les êtres au comportement pervers et immoral, c'est pour mieux les perdre dans la folie et les démasquer par le biais d'une ironie féroce. Dans le Journal d'un vieux fou, un septuagénaire s'éprend de sa belle-fille, Satsuko. Ses moeurs légères la poussent à accepter les caprices du vieillard. En échange de grâces médiocres, elle obtient ce qu'elle désire : l'argent, et la liberté de poursuivre ses frasques extraconjugales. Un huis clos sulfureux au sein du modèle familial japonais où les codes qui nient l'individualité dissimulent mal cependant la jalousie, la passion ou la haine. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot