Le héros de ces trois récits, Thomas Hudson, romancier et peintre, est peut-être le double
d'Hemingway tel qu'il se voyait. Il vit en solitaire sur une petite île du Gulf Stream, Bimini. La monotonie de son train-train quotidien est rompue par l'arrivée de ses enfants pour les vacances. Thomas Hudson-Hemingway évoque pour eux le Paris des années vingt. Il organise pour son fils David une partie de pêche au marlin. C'est une cérémonie d'initiation traditionnelle; elle se solde par un échec. Cet épisode, l'un des plus beaux, évoque Le Vieil Homme et la mer, récit d'ailleurs extrait de la première version d'Iles à la dérive. Survient la guerre: Thomas transforme son bateau de pêche en bâtiment de combat, et improvise un commando de chasse aux sous-marins allemands le long des côtes cubaines. C'est Ernest Hemingway correspondant de guerre, l'un des premiers Américains à s'engager sur le front européen, combattant de la guerre d'Espagne... Enfin, le personnage de Papa Hemingway s'impose aux lecteurs d'Iles à la dérive: Thomas, grand buveur de daiquiris, habitué des bars de La Havane, et gloire du célèbre Floridita, on parle, on boit, on blague avec les prostituées. Somme des expériences d'un homme et d'un écrivain qui n'aimait pas la guerre, mais la décrivait avec génie, qui savait voir les hommes, et les faire vivre, ce roman est une mine d'éléments autobiographiques. Pour Thomas comme pour Ernest Hemingway, l'action était « l'envers » de la vie créative de l'artiste.