Tendre, la nuit ne le fut que brièvement pour les héros de ce roman, chez qui l'on pressent dès le début une fêlure qui laisse présager la chute. L'évolution est implacable, orchestrée par un récit impeccablement construit, efficace et délivré à travers plusieurs points de vue, dont l'alternance est motivée par la présence successive des protagonistes au devant de la scène. Bien plus que le roman autobiographique du couple légendaire Francis Scott et Zelda Fitzgerald, bien plus que la chronique d'une génération d'expatriés dite perdue, ce roman est un paradigme de la quête qui échoue.
De la Côte d'Azur à la Côte d'Azur en passant par la Suisse, cadre d'une évocation nostalgique du passé, les personnages semblent être à peine plus que des fantômes. Gares, cliniques, hôtels... de lieu de transition en lieu de transition, Fitzgerald met en scène un tourbillon de personnages pathétiques et fascinants, arrogants et fragiles, êtres humains voués à demeurer mortels, incapables de prolonger à l'infini le chant divin du rossignol de l'ode de Keats, épigraphe au roman.