“Maintenant, ce n’est plus comme si on partait de rien pour arriver à rien. Cette fois, on part d’en haut pour aller vers...” Pieterjan laisse sa réplique en suspens au moment d’entreprendre la construction du nain géant. Pieterjan, un artiste en manque d’inspiration, accepte l’invitation de la première Biennale d’art de Beerpoele au beau milieu de la campagne flamande. Il aura tout le temps de se consacrer à son art. Mais bien vite, il découvre qu’en fait de résidences d’artistes, il s’agit d’une grande kermesse improvisée par Kristof, le gentil organisateur aux mains de géant. Invité d’honneur d’un groupe d’amateurs farfelus - sculpteur en ballon, peintre du dimanche, mais aussi Dennis, un simplet, qui dessine des spirales et joue les perturbateurs -, Pieterjan se prend à jouer le guide spirituel et artistique et profite de l’occasion pour convaincre tout ce petit monde de construire ensemble un grand œuvre au cœur de la lande. Brecht Evens confronte ici à l’art et à la nature, des personnages hésitants, maladroits ou bancals en quête de monumental. Il se collete avec la question d’une construction utopique, celle-là même qui hante plusieurs œuvres contemporaines, À l’origine de Xavier Giannoli, Parle leur de batailles, de roi et d’éléphant de Mathias Enard, ou encore Naissance d’un pont de Maylis de Kérangal qui dit avoir été tenté de montrer en quoi “écrire est toujours un chantier”.