Louisette et ses compagnes prennent leurs quartiers à l'hôtel Ariana tanière loqueteuse construite au bord de la Papeava qui déroule au travers de la ville ses eaux croupies infestées par des squelettes de métal par des ossements de bois par des spectres de plastique dans des remugles faisandés plusieurs nuits par semaine elle se pare de ses vêtements les plus éloquents qui paradent le lyrisme de ses fesses épanouissent la verve de ses seins déploie le culot de ses lèvres pour allécher la lubricité des clients qu'elle attend avec les autres dans un bar suintant la fl étrissure des femmes qui se prostituent parce qu'il faut bien s'habiller manger et boire moquette éraillée fauteuils défoncés murs délavés lumières émoussées pour amortir le spectacle des désolations matérielle et humaine qui souillent les âmes Louisette se prostitue parce qu'il faut bien qu'elle assure sa survie et celle de son compagnon piètre voleur que la police attrape régulièrement et que les juges expédient aussi régulièrement à l'ombre de Nu'utania prison républicaine aux cellules insalubres surpeuplées infestées de nuisibles parce qu'il faut bien s'habiller manger et boire Dans ce nouveau recueil, Chantal T.
Spitz nous livre huit courtes nouvelles ancrées en Polynésie. Huit textes qui sont autant de tableaux sombres et violents. Des textes forts qui coulent à la manière d'un slam, s'imprègnent et résonnent. Une prose sans ponctuation, empreinte d'oralité et de poésie dans laquelle l'autrice s'accapare cette langue jusqu'à la tordre.