«À Nyamata, nous avions depuis longtemps accepté que notre délivrance soit la mort. Nous avions vécu dans son attente, toujours aux aguets de son approche, inventant et réinventant malgré tout des moyens d’y échapper. Jusqu’à la prochaine fois où elle serait plus proche encore, où elle emporterait des voisins, des camarades de classe, des frères, un fils. Et les mères tremblaient d’angoisse en mettant au monde un garçon qui deviendrait un Inyenzi qu’il serait loisible d’humilier, de traquer, d’assassiner en toute impunité.» En retraçant son histoire, Scholastique Mukasonga dresse un tombeau de papier aux victimes tutsi de la haine raciale. Le témoignage essentiel d’une rescapée sur quarante ans de persécutions au Rwanda.