On l'appelait " le maître ". Il donnait, tous les samedis matin, des leçons bibliques. On se disait : " Rendez-vous samedi prochain à Auteuil " Mais qui était-il ? Que contait-il ? Familier de ces cours, Salomon Malka tente pour la première fois d'en reconstituer le contenu. Il disait que toute personne était élue. Il disait que le monde de la Bible était un monde de visages. Il disait que les prophètes ne se souciaient pas de l'immortalité de l'âme mais de la veuve et de l'orphelin.
Qu'avait le maître de si précieux qu'on ne trouvait chez personne d'autre que lui ? Pourquoi des générations d'élèves se sont-elles succédé pendant des décennies ? Pourquoi le charme se dissipait-il dès lors qu'on voulait coucher par écrit les scènes auxquelles on avait assisté ? Il ne commentait jamais la Bible. Il commentait le commentaire, la Bible et Rachi toujours intimement mêlés. Tous ceux qui se sont salués en disant : " Samedi prochain à Auteuil " se reconnaissent entre eux longtemps après, comme une confrérie des habitués.
Ils n'ont souvent pas conservé grand-chose du contenu du cours, mais un peu de cette mélodie est resté dans leur tête. " Samedi prochain " fut la phrase de ralliement de plusieurs générations. Elle demeure aujourd'hui pour beaucoup une sorte de madeleine proustienne.