"C'est là depuis toujours, il faut que ça sorte." Celui qui parle est au lit avec sa femme. On s'attend à quelque révélation sentimentale ou sexuelle ! Il continue : "Je vois Limpar qui feint d'alerter Gillespie, lequel fait écran, faute du défenseur ! Penalty ! Dixon marque. 2 à 0"... Le match est lancé. Sa femme le secoue : "À quoi penses-tu, chéri ?" Pas d'autre alternative alors que de mentir. Parce que pour un obsédé du foot, avouer la vérité peut entraîner l'exclusion immédiate.
Pour Nick Hornby, l'obsession a commencé alors qu'il était enfant, fils de divorcés et en quête de repères affectifs. Son père l'emmène voir le club d'Arsenal dans le nord de Londres et il découvre les matchs grandioses ou soporifiques, l'ambiance des stades mais aussi la futilité des supporters ou des joueurs. Derrière le récit de sa fertile imagination sportive, se dessine alors une autobiographie d'une grande originalité. La rupture familiale et les vides comblés par le foot, et plus tard, comment on devient écrivain malgré ou à cause de cette occupation monomaniaque, s'en excuser et en rire.
Au-delà de quelques longueurs narratives, Carton jaune est un récit plein d'humour dont la lucidité et le sens de l'autodérision ne peuvent laisser indifférent... même les plus allergiques au football. Belle victoire. --Stellio Paris