Description :
"Je sens que j’ai tellement de choses a` dire qu’il vaut mieux que je ne sois pas trop cultive´. Il faut que je garde une espe`ce de barbarie, il faut que je reste barbare." Kateb Yacine "Ne`gre vous m’appelez eh bien oui, ne`gre je suis. N’allez pas le re´pe´ter, mais le ne`gre vous emmerde." Aime´ Ce´saire A` l’heure ou` le terme « ensauvagement », d’abord charrie´ par l’extre^me droite, pe´ne`tre les sciences sociales et se discute dans la sphe`re me´diatique et politique comme un phe´nome`ne tangible, Louisa Yousfi nous propose ici un re´cit a` la fois politique et litte´- raire de ce (re)devenir barbare des Noirs et des Arabes de France. Pour ce faire, elle ne de´roule pas un commen- taire de l’actualite´ ni n’e´graine la longue liste des offenses racistes que nous offre la France contemporaine. Non, elle fonde une esthe´- tique radicale; elle propose un grand re´cit – qui convoque aussi bien Kateb Yacine, Chester Himes que Booba et la prose des militants de´coloniaux en prise avec les luttes actuelles – pour se de´partir des conflits de loyaute´s impose´s par le mythe inte´grationniste a` la franc¸aise mais aussi pour aborder tous les sujets de´licats que la logorrhe´e sociologique ou l’essai militant ne sauraient saisir avec autant de relief : pourquoi ne fu^mes-nous pas tous Charlie ? Comment s’extraire des turpi- tudes du « privile`ge blanc » (« une histoire de mai^tre qui a appris de son esclave le stade supe´rieur de la dialectique : quand c’est l’esclave lui-me^me qui enseigne au mai^tre le sens de la liberte´. »)? Et « “qu’aurions-nous e´te´ si?” Si la colonisation n’avait pas organise´ un rapport de force moral qui tient en e´chec la civilisation, le pays et la famille qui aurait du^ nous voir nai^tre et grandir? Si l’inte´gration- nisme n’avait pas e´dicte´ pour nous les condi- tions de notre salut dans ce pays conditionnel qui n’a rien d’une patrie ? » Rester barbare a quelque chose des essais litte´- raires offerts en son temps par James Baldwin aux luttes noires ame´ricaines. Ici, il faut saisir « la barbarie comme un lieu d’e´nonciation a` partir duquel » Louisa Yousfi « vient secouer et saccager l’ordre des choses ».
Notice biographique :
Louisa Yousfi est journaliste (Hors-se´rie).